Francis Bacon (1909-1992), "Self-portrait" 1977. Lithographie par G Diomaiuto, éditions Mourlot, tirage 6/180.84.5x63.5 cm avec marges : 102x72 cm Référence: Réalisé en 1977, Self-Portrait de Francis Bacon (1909-1992) fait écho à son amant le plus aimé – peut-être même le seul jamais aimé - , George Dyer, qu’il rencontre dans un pub de Soho à Londres en 1963. Selon lui, George Dyer est « le plus bel homme qu’il n’ait jamais vu ». Fasciné par sa beauté résonnant avec l’œuvre de Michelangelo qui l’habite depuis toujours, Bacon fait de George Dyer sa muse. Il l’immortalise assis en sous-vêtement dans son atelier et réalise Two Studies for a Portrait of George Dyer en 1968, œuvre iconique qui l’inspirera plus tard dans sa pratique du portrait et de l’autoportrait. On retrouve, dans Self-Portrait, lithographie de Gino Diomaiuto, 6/180, éditée par Mourlot, la toile noire, dont le personnage a été effacé, englouti par la masse obscure. La passion des deux amants s’épuise rapidement. Vers la fin des années 60, Dyer, qui jusqu’alors vivait de petite criminalité, sombre dans l’excès et succombe à l’abondance offerte par la notoriété. En 1971, un jour avant l’inauguration sa rétrospective au Grand Palais à Paris – il est le seul artiste, après Picasso, à obtenir cette reconnaissance de son vivant -, Dyer est retrouvé sans vie dans leur chambre d’hôtel. Dévasté par cette disparition, Bacon traduit son expérience en peinture. Son œuvre fait l’objet de méditations sur la condition humaine, dont la mort occupe le premier plan. Self-Portrait est une composition symbolique : l’artiste, recroquevillé, est au centre de la scène. À côté de lui une toile vide. Plus de muse, plus de peinture. L’environnement géométrique et froid, emblématique de son œuvre, rend la présence humaine plus forte. Ce que recherche Bacon, c’est traduire l’essence d’une personne, aiguiser et concentrer sa réalité, un créant des distorsions et allant même jusqu’à la caricature pour «*trouver l’intensité et atteindre les confins du réalisme ». Self-Portrait est un aboutissement de cette quête, où l’artiste s’immortalise et réinvente ce qu’il perçoit de son existence. * Francis Bacon and the Brutality of Fact. Documentaire de Michael Blackwood, Michael Blackwood Productions, 1985, 58 min.Art contemporainContemporary ArtGravures - EstampesPrints and Engravings