LOT 127 Jean-Honoré FRAGONARD Grasse, 1732 - Paris, 1806Intérieur d'...
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Jean-Honoré FRAGONARD Grasse, 1732 - Paris, 1806Intérieur d'étableHuile sur toile(Restaurations)Sans cadreInterior of a stable, oil on canvas, by J. H. Fragonard54 x 65 cm (21,26 x 25,59 in.)Provenance : Collection Jean-François Le Roy de Senneville (1715-1784), secrétaire du roi et fermier général, Paris ;Sa vente ; Paris, Hôtel de Bullion, 5 avril 1780, n° 58, avec son pendant : "Deux Tableaux. Etudes, l'un représente un enfant conduisant une vache, l'autre, l'intérieur d'une étable, où l'on voit une vache, et une jeune fille qui parle à un garçon placé sur le haut d'une échelle. Ces deux morceaux, d'une touche hardie et savante, sont aussi d'un beau ton de couleur. Hauteur 20 pouces, largeur 24 pouces. T.", invendus ;Sa vente, Paris, 26 avril 1784, n° 30, avec son pendant : "Deux tableaux, études savantes et d'un bon effet ; l'un représente un enfant conduisant une vache ; l'autre l'intérieur d'une étable où l'on voit une jeune fille qui parle à un garçon, et plus loin une vache. Hauteur 20 pouces, larg. 24. T.", acquis par M. Dulac ;Collection particulière, Ile-de-FranceBibliographie : Baron Roger Portalis, 'Honoré Fragonard. Sa vie et son oeuvre', Paris, 1889, p. 280-281Pierre de Nolhac, 'J. H. Fragonard, 1732-1806', Paris, 1906, p. 133Georges Wildenstein, 'The Paintings of Fragonard. Complete Edition', Londres, 1960, p. 222, n°112 bisGabriele Mandel, 'L'opera completa di Fragonard', Milan, 1972, n° 121Jean-Pierre Cuzin, 'Jean-Honoré Fragonard. Vie et oeuvre, catalogue complet des peintures', Fribourg-Paris, 1987, p. 348, n° D 77Carole Blumenfeld, " Réapparition d'un Fragonard à la " touche hardie " ", in 'L'Estampille-Objet d'art', n° 593, octobre 2022, p. 42-45Commentaire : " Il est curieux de voir Fragonard, comme fasciné par la puissance mâle de cette bête [le taureau], reprendre plusieurs fois ce motif : la voici dans l'étable, immobile et massive, ou bien relevant un mufle baveux pour regarder le bouvier embrasser son amoureuse contre la margelle de l'abreuvoir, ou bien encore veillant à côté de la fille endormie dans le foin, comme une sorte de divinité rustique. N'allons pas imaginer là-dessus quelque psychanalyse : l'allusion est claire. Mais Lavreince choisit les symboles polissons, la souris ou la puce ; Greuze multiplie ses oiseaux morts et ses cruches cassées. Telle est justement la distance qui sépare la vraie poésie de la littérature1. "Selon les mots de l'historien Jacques Thuillier, Fragonard fait donc œuvre de poète en dissimulant un discours licencieux derrière la robuste et familière figure du taureau, là où ses contemporains, en utilisant un vocabulaire symbolique plus discret mais également plus convenu, restent dans une écriture moins aventureuse. Si elles s'inscrivent dans le goût de son siècle, il est vrai que les œuvres à thématique champêtre de Fragonard s'éloignent grandement de celles de ses confrères, comme François Boucher, auquel il est souvent comparé. Galants bergers, paysannes enrubannées aux joues roses, cages à oiseaux et blanches brebis des pastorales de Boucher laissent chez son élève Fragonard la place à des intérieurs paysans aux tonalités brunes, jonchés de foin et d'ustensiles, peuplés de jeunes paysans et de leurs animaux, témoignant de la rusticité des campagnes. Au sein de ces œuvres, le premier rôle est bien souvent donné aux habitants de ces écuries et étables : les animaux, parmi lesquels vaches et taureaux occupent une place de choix. Ainsi en est-il de l'huile sur toile ici présentée et de son pendant. Non localisé depuis la fin du XVIIIe siècle, cet Intérieur d'étable correspond en tous points au descriptif fourni par les catalogues des deux ventes Le Roy de Senneville2 et tout indique que nous avons ici affaire au pendant du " Jeune garçon conduisant une vache " aujourd'hui conservé au Museum of Fine Arts de Houston (fig. 1), dont il fut séparé probablement dès la fin du XVIIIe siècle, après l'acquisition des deux tableaux par Dulac en 1784. Comme souvent dans le cas de pendants, les compositions se répondent et, dans le cas présent, tissent sans doute même une narration ensemble. Ainsi, il y a fort à parier que le jeune garçon de Houston conduit la vache vers l'étable de la jeune fille où l'attend le taureau. Fragonard propose ici les coulisses de plusieurs rencontres, celle des deux bêtes mais également celle de la jeune fille couchée dans le foin avec le jeune garçon au chapeau apparaissant en haut de l'échelle ou bien avec le gardien de la vache - à moins qu'il ne s'agisse du même ? - laissant l'imagination du spectateur écrire la suite.Au Siècle des Lumières, de nombreux amateurs français s'intéressèrent à la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Les scènes de genre tantôt délicates tantôt truculentes, les précieuses natures mortes des peintres des Ecoles
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